Réflexion sur divers sujets

Au fûr et à mesure du temps qui passe, au gré de ma réflexion sur l'Aikido et de l'avancement de mes recherches, j'aime communiquer avec mes élèves ce que j'appellerais un enseignement hors-tatami.

Certains textes demandent à être relus selon le niveau de votre propre recherche, de votre réflexion et des interrogations que vous pourriez avoir sur tel ou tel sujet.

Chaque sujet pourrait être l'objet d'un débat... N'hésitez pas à me faire part de vos avis !

Christophe Page

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Le mouvement unique

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Lors du dernier cours, mercredi soir (02/01/2013), j’ai abordé l’idée du mouvement unique. C’est une notion complexe.

Le Ai de Ai-Ki-Do est en lui-même une idée d’unité mais aussi d’unicité. Les 3 signes qui composent son idéogramme, Jin l’humanité, Ichi le chiffre 1, Kuchi la bouche, signifie la parole unique de l’humain, l’unité du monde, utopique certe, mais idéale. En Ostéopathie on parle du mouvement respiratoire primaire (MRP) c’est les mouvements de toutes les parties du corps, de chaque organe, de chaque cellule même pour un être parfaitement immobile, c’est Le Mouvement sans lequel il n’y a pas de vie.

Dans l’Univers chaque étoile-astre-planète a son propre mouvement, mais tout est en ordre grâce au Mouvement unique de l’Univers qui harmonise tous les mouvements.

La notion d’Aï-Ki dans l’aïkido, la recherche de l’unité, l’énergie unique, le mouvement unique… ??

Tamura Senseï s’exprimait très peu sur ces questions. Simplement, par exemple, il disait que ce qui est vivant est traversé par le Ki et ce qui est mort n’est plus traversé par le Ki. Le Ki est le mouvement, le mouvement est le Ki.

Mais après cela ? Nous restions nous-mêmes pleins d’interrogations…

Nous pratiquons l’Aï-Ki-Do, le Do de Aïki…

Il existe bien d’autres arts japonais notamment dans les Arts Martiaux, le Ju-Do, le Kyu –Do, le Iaï-Do, et bien sûr plus globalement le Bu-Do.

Est-ce que ces notions portent un sens ou non ? Qu’est-ce qui serait spécifique dans notre art, qu’est-ce qui lui donne le sens, qu’est-ce que cette notion d’Aïki-Do?

Tout le monde pratique. Mais, est-ce que les pratiquants ne sont pas en train de pratiquer ikkyo-Do ou nykkyo-Do, c'est à dire de se focaliser sur la technique mais en oubliant Aï-Ki ?

Si on abandonne ce sens, l’Aïkido reste uniquement une sorte de Jujutsu. Chacun cherche sa technique, avec plus ou moins de réussite, plus ou moins d’efficacité, selon que uke bloque plus ou moins cela fonctionnera plus ou moins bien. Mais où se trouve encore l’Aïkido dans ce type de pratique. Est-ce encore de l’Aïkido ?

Par contre si on conserve le travail de fond mis en place durant les préparations, avec présence et conscience dans l'exécution des exercices, on pourra s'appuyer sur ces acquis pour les réalisations techniques. Dans ce cas on a préparé complètement le mental et le physique.

Dans la suite du cours, on cherchera à appliquer cela dans l’exécution des techniques. Celles-ci ne sont en fait que les gestes et les situations auxquelles on se confronte pour apprendre l’Aïkido et le développer en soi.

Plus tard, il faudra oublier ces techniques, en garder les gestes que l'on continue à épurer comme la technique, jusqu'à n'arriver plus qu'à un seul et même mouvement ! Le Mouvement d'Aïkido ? C’est seulement à ce moment, peut-être, après avoir travaillé sur les préparations entre autres, puis les techniques, puis après avoir oublié les techniques… que l’Aïki pourra éventuellement se manifester, que l’on commencera peut-être l’Aïkido... L’Aïkido pratiqué comme un sport ne permettra jamais le haut niveau de certains de nos Maîtres.

Ainsi, plus simplement, trouver à travers sa pratique le lien entre tous les exercices, établir le lien avec les techniques et entre les techniques, les unes enrichissant les autres et inversement.

Ceci correspond à ma propre recherche et ce texte qui pousse plus loin ma réflexion a été réalisé avec l’aide d’un écrit de Claude Pellerin.

Maintenant, plutôt que d’en parler il faut le vivre mais les mots mènent souvent à la perception de choses insoupçonnables…

MITORI KEIKO

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Mitori Keiko

Apprendre en regardant, apprendre à voir.

En Japonais, Mitori vient du verbe mitoru qui se traduit par percevoir, comprendre, mais aussi prendre avec les yeux. Keiko veut dire entraînement.
Mitori Keiko est donc la manière de regarder, comprendre un mouvement pour se l’approprier, pour l’apprendre. C’est-à-dire l’entraînement à voir, capter les mouvements d’une personne lorsqu’elle démontre une technique.
Tout commence lors du premier cours, l’élève ne connaît aucun mouvement. Les choses importantes qu’il doit regarder en premier est le placement des pieds. Il regarde, observe, puis essaye de faire de même avec l’image mentale qu’il s’est faite du mouvement. Une fois le placement des pieds  compris/vu il passera aux mains…

Le réflexe de tout débutant est de regarder les mains en premier, pourtant s’il ne peut pas bouger ses pieds face à une frappe pour l’éviter (irimi), cela n’aura servit à rien d’avoir observé les mains.

Après quelques temps l’élève commence à connaître les techniques et commence donc à regarder d’autres détails auxquels il n’aurait pas pensé. Démonstration après démonstration l’élève approfondit sa vision globale du mouvement et observe des détails plus fins.
 
Entraîner ses yeux  demande un effort d’attention, il faut se concentrer sur la manière dont on perçoit les informations pendant que le professeur montre la technique. Il faut pouvoir voir les détails d’une technique d’un seul coup d’œil. Un enseignant entraîne beaucoup cette vision car c’est un moyen de voir les erreurs de ses élèves et donc de leur permettre, par des commentaires judicieux, d’approfondir leurs techniques.
Cette faculté a beaucoup d’importance dans les arts martiaux car les yeux nous servent à tenir compte de la distance, à observer comment bouge l’adversaire... Une bonne observation de la personne en face de vous est le premier pas dans l’élaboration d’une stratégie martiale.

Si un jour vous ne pouvez participer à un entraînement parce que vous êtes blessé ou malade, ne serait-ce pas le bon moment pour appliquer mitori keiko en venant vous asseoir sur le banc à côté du tatami.
Mais seuls les passionnés font cette bonne démarche.

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